Collectif contre Dentexia | Récit de la création de l’association La Dent Bleue, avec Abdel Aouachéria | Épisode 3/4

Dans le troisième épisode de cette série sur le scandale Dentexia, Abdel Aouachéria nous explique comment, dans la continuité du collectif contre Dentexia, a émergé l'association La Dent Bleue, avec pour objectif de dépasser le cadre du scandale et de proposer des des axes d'amélioration du système.

La Dent Bleue : Une association engagée pour les victimes dentaires

En 2019, émergeait La Dent Bleue, une asso­ci­a­tion née dans le sil­lage du col­lec­tif Con­tre Den­tex­ia. Son objec­tif ? Aller au-delà de la dénon­ci­a­tion et pro­pos­er des solu­tions con­crètes pour les vic­times de pra­tiques den­taires contestées.

Fondée sur trois principes fon­da­teurs, cette asso­ci­a­tion a tracé un chemin nova­teur pour défendre les intérêts des patients tout en recher­chant des répons­es systémiques.

Dépasser le cadre du scandale

L’idée maîtresse der­rière la créa­tion de La Dent Bleue était de ne pas s’ar­rêter à la sim­ple oppo­si­tion à Den­tex­ia. Pour les fon­da­teurs, il était cru­cial de pro­pos­er des alter­na­tives con­struc­tives, de repenser le sys­tème de cen­tres den­taires asso­ci­at­ifs à but non lucratif tout en préser­vant leur rôle cru­cial dans la san­té publique.

Égalité des victimes et lobbying pour un changement législatif

L’as­so­ci­a­tion La dent bleue, a égale­ment prôné l’é­gal­ité entre toutes les vic­times, qu’elles aient été affec­tées par Den­tex­ia ou d’autres cen­tres sim­i­laires. Leur action visait à exercer un lob­by­ing effi­cace pour mod­i­fi­er les lois, intro­duire des garde-fous et des sys­tèmes de con­trôle pour pro­téger les patients.

« Oui, la dent bleue, c’est une asso­ci­a­tion qu’on a créée dans le creuset du col­lec­tif Con­tre Den­tex­ia en 2019 avec plusieurs idées. La pre­mière, c’é­tait de dépass­er le cadre strict du scan­dale Den­tex­ia en se dis­ant qu’il y avait ce col­lec­tif qui était con­tre Den­tex­ia, mais il fal­lait aus­si se met­tre dans un mou­ve­ment qui soit pour quelque chose. Il ne suff­i­sait pas de dénon­cer. Il faut encore pro­pos­er. Ça, c’est l’une des idées. L’autre idée, c’é­tait de se dire que toutes les vic­times se valent. On a des vic­times de cen­tres den­taires asso­ci­at­ifs à but non lucratif, tout en sachant que nom­bre d’en­tre eux exer­cent un rôle de relais de san­té publique et que c’est impor­tant de les main­tenir. On voulait con­tex­tu­alis­er tout ça en dis­ant « On a été con­tre Den­tex­ia », ça ne veut pas dire qu’on est con­tre l’idée même de cen­tre de san­té asso­ci­atif à but non lucratif. Il faut juste exercer un lob­by­ing et une influ­ence pour chang­er la loi de manière à incor­por­er des garde-fous et des sys­tèmes de contrôle. »

Abdel Aouachéria

Création de liens et de soutien

La Dent Bleue a égale­ment cher­ché à créer des réseaux et des sou­tiens pour les vic­times en dif­fi­culté, sans pour autant s’en­gager immé­di­ate­ment dans un accom­pa­g­ne­ment humain com­plexe. Plutôt que de mobilis­er des bénév­oles non for­més, l’as­so­ci­a­tion a mis l’ac­cent sur la col­lecte d’in­for­ma­tions et l’ori­en­ta­tion des vic­times vers les ressources appropriées.

« C’est com­pliqué quand on vient de créer une asso­ci­a­tion de pou­voir mobilis­er des bénév­oles pour se for­mer à l’ac­com­pa­g­ne­ment humain et pren­dre un peu le rôle d’autres acteurs. Des bénév­oles qui sont des vic­times, le plus sou­vent, ne sont pas for­més, en pre­mière inten­tion, pour don­ner de l’ac­com­pa­g­ne­ment. Mais par con­tre, on peut réfléchir à com­ment glan­er de l’in­for­ma­tion qui per­me­tte à des vic­times de trou­ver les bons canaux pour se sor­tir de sit­u­a­tions de lit­ige ou pour con­duire des actions. »

Abdel Aouachéria

Une vision pluraliste et des objectifs précis

La diver­sité des per­spec­tives a enrichi la vision de l’as­so­ci­a­tion. Si le nom “Dent Bleue” fait référence à des sym­bol­es his­toriques ou tech­nologiques, l’as­so­ci­a­tion a adop­té une approche poly­va­lente, com­bi­nant lob­by­ing pour les intérêts des patients, défense active et pro­mo­tion de bonnes pra­tiques, mais avec une approche plus réal­iste et moins stéréo­typée que les cam­pagnes pro­mou­vant l’hy­giène dentaire.

« Et il y avait aus­si cette idée que la dent bleue, on pou­vait le déclin­er assez facile­ment [ …] avec le L qui cor­re­spond à lob­by­ing en faveur des intérêts du patient, juste­ment, et de la patiente. Le D qui cor­re­spond à ce point-là, défense. Donc, on était con­tre Den­tex­ia, mais là, on se met à défendre quelque chose. On n’est plus con­tre, on défend, on pro­pose, etc. On défend les intérêts et les sit­u­a­tions par­ti­c­ulières des vic­times et des usagers en général. Et après B comme bonne pra­tique, mais appréhendée sous un angle qui soit peut-être un peu plus… On va dire moins car­i­cat­ur­al que de se bross­er les dents trois fois par jour avec des pré­con­i­sa­tions qui soient peut-être un peu plus poussées sur ce que devrait être une tra­jec­toire d’hy­giène et de préven­tion par rap­port à une con­di­tion d’être humain qui est une con­di­tion d’être vul­nérable sur une vie dont la durée se ral­longe de plus en plus. Donc, ces bonnes pra­tiques, elles sont à dis­cuter aus­si avec les pro­fes­sion­nels, avec les insti­tu­tions et avec les patients »

Abdel Aouachéria

Vers une réforme nécessaire du secteur dentaire

L’as­so­ci­a­tion, en quête d’une réforme pour réduire ces risques, a élaboré une série de recom­man­da­tions basées sur une obser­va­tion minu­tieuse du paysage den­taire. Ces recom­man­da­tions, pub­liées sur leur site pen­dant plusieurs mois, voire années, ont attiré l’at­ten­tion des instances gou­verne­men­tales, notam­ment de Fadi­la Khat­tabi, prési­dente de la Com­mis­sion des affaires sociales à l’Assem­blée nationale.

Le scan­dale “Proxy den­taire”, sur­venu dans la cir­con­scrip­tion de Fadi­la Khat­tabi, a été un révéla­teur des dérives pos­si­bles dans le secteur. Cette sit­u­a­tion, sim­i­laire à celle de Den­tex­ia, a mis en lumière les intérêts financiers dis­simulés der­rière des ini­tia­tives pré­ten­du­ment sociales, soulig­nant ain­si les défail­lances du sys­tème actuel.

Face à ces enjeux, l’as­so­ci­a­tion a été con­sultée pour révis­er la loi Bach­e­lot. Leur impli­ca­tion dans ce proces­sus de réforme a abouti à la pro­duc­tion de recom­man­da­tions détail­lées. Cepen­dant, la route vers la révi­sion de cette loi s’est avérée semée d’embûches. La pre­mière ver­sion du texte a été reto­quée par le Sénat, met­tant en lumière des con­flits liés à des aspects financiers et de rem­bourse­ments par l’as­sur­ance maladie.

Mal­gré ces obsta­cles, des avancées sig­ni­fica­tives ont été réal­isées. Des points clés, tels que le retour à un sys­tème d’a­gré­ment préal­able à l’ou­ver­ture des cen­tres den­taires, ont été inté­grés dans une nou­velle ver­sion du texte. De plus, la prise en compte des déc­la­ra­tions oblig­a­toires des con­flits d’in­térêts représente une avancée majeure, alig­nant ain­si les pra­tiques avec une trans­parence accrue et un souci accru de l’in­térêt du patient.

En somme, le par­cours vers une réforme lég­isla­tive dans le secteur den­taire demeure com­plexe. Cepen­dant, les efforts pour faire évoluer la loi Bach­e­lot reflè­tent une volon­té col­lec­tive de garan­tir des soins den­taires de qual­ité, trans­par­ents et sécurisés pour tous les patients.

Enjeux et défis pour les patients

Mal­gré ces défis ini­ti­aux, l’as­so­ci­a­tion s’in­scrit dans une dynamique de long terme, visant à faire évoluer les pra­tiques den­taires et à soutenir les vic­times. Avec une approche axée sur la sen­si­bil­i­sa­tion, l’as­so­ci­a­tion s’at­telle à don­ner une voix aux patients et à con­tribuer à un sys­tème den­taire plus juste et sécurisé pour tous.

*

Ce troisième épisode de l’interview d’Abdel Aouachéria pour « Entre­tien avec un den­tiste » met en lumière les prin­ci­paux objec­tifs et défis ren­con­trés par La Dent Bleue, soulig­nant son engage­ment à défendre les intérêts des patients tout en pro­posant des solu­tions pour amélior­er le sys­tème de san­té den­taire. Enfin, pour ne pas louper la suite de l’histoire, je vous invite à vous abon­ner et à vous inscrire à la newslet­ter.

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