Dre Manon Serre : une odyssée transclasse

Dans ce nouvel épisode, la Dre Manon Serre, orthodontiste à Montpellier, partage son récit : celui d’un passage de la ferme familiale ardéchoise aux cabinets d'orthodontie. Une parole intime et politique, éclairée par les travaux de Chantal Jaquet, Pierre Bourdieu et Annie Ernaux.

Dans cet épisode, nous décou­vrons le par­cours de Manon Serre, une ortho­don­tiste issue d’un milieu éloigné de l’univers médi­cal : celui du monde agri­cole ardé­chois.
À tra­vers ses mots, c’est toute la com­plex­ité des mobil­ités sociales qui s’exprime : le fran­chisse­ment des fron­tières invis­i­bles, les écarts de lan­gage, les moments de gêne comme de fierté.
Son témoignage nous invite à réfléchir à ce que sig­ni­fie chang­er de classe sociale : ce que cela coûte, ce que cela apporte, et ce que cela révèle du fonc­tion­nement de notre société.

De la ferme au fauteuil : un changement de décor, pas d’identité

Grandir dans un monde rural, exercer dans un monde codifié

Manon Serre a gran­di en Ardèche dans une famille d’agriculteurs. Une enfance ryth­mée par les saisons, le tra­vail manuel et un ancrage fort dans la terre. Dev­enue ortho­don­tiste, elle nav­igue aujourd’hui dans un univers aux codes soci­aux bien dif­férents : celui des soins spé­cial­isés, de la parole maîtrisée et du con­fort urbain.
Mais ce change­ment n’est pas un reniement : « Je suis très fière de mes orig­ines », affirme-t-elle dans l’épisode. Ce pas­sage d’un monde à l’autre est au cœur du con­cept de tran­sclasse, pro­posé par la philosophe Chan­tal Jaquet.

Transclasse, pas transfuge

Traverser les classes sociales sans trahir

Le mot tran­sclasse se dis­tingue de celui de transfuge de classe, pop­u­lar­isé en soci­olo­gie et dans la lit­téra­ture par des autri­ces comme Annie Ernaux. Là où le transfuge peut évo­quer rup­ture et honte, le tran­sclasse désigne une tra­ver­sée sociale, sans juge­ment de valeur.
C’est cette nuance que le pod­cast explore, en mêlant le témoignage de Manon à des con­cepts clés : habi­tus, champ, codes implicites, ressources affec­tives… Autant de notions qui éclairent le sen­ti­ment d’entre-deux social, sou­vent vécu en silence par celles et ceux qui changent de classe.

Une parole forte sur l’accès aux études et la fierté populaire

Quand la réussite s’appuie sur les bourses et le travail d’été

Dans son réc­it, Manon évoque son statut de bour­sière, les aides publiques sans lesquelles ses études n’auraient pas été pos­si­bles, et le tra­vail l’été à l’ex­ploita­tion qui ont jalon­né son par­cours.
Mais elle par­le aus­si des écarts cul­turels, des mal­adress­es, des tenues « déguisées » à la ren­trée, des erreurs de codes soci­aux, et de la peur per­sis­tante du manque.
Ce sont ces ten­sions silen­cieuses que le pod­cast fait émerg­er. Et der­rière elles, une réflex­ion col­lec­tive sur ce que la société fait ou ne fait pas pour celles et ceux qui cherchent à franchir ses frontières.

Conclusion

Le par­cours de Manon Serre nous rap­pelle que les tra­jec­toires sociales ne sont jamais linéaires ni indemnes. Tra­vers­er les fron­tières de classe, ce n’est pas seule­ment gravir des éch­e­lons, c’est appren­dre à se situer, à com­pos­er, par­fois à se taire, sou­vent à traduire.

Son témoignage éclaire les ten­sions de celles et ceux qui, comme elle, vivent entre deux mon­des, sans renier l’un, sans appartenir totale­ment à l’autre. Il ouvre une réflex­ion sur la manière dont nos orig­ines nous façon­nent, même quand nous nous en éloignons.

Et peut-être aus­si sur notre capac­ité col­lec­tive à recon­naître ces pas­sages, à les écouter, à en faire des réc­its légitimes.

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Je remer­cie chaleureusement :

  • Pauline Bus­si @lesonlibre pour son tra­vail minu­tieux de montage ;
  • Manon Serre pour sa spon­tanéité et la sincérité de son témoignage

La musique Hazy Road est de Nico­las de Fer­ran et Lau­rent Vernerey

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