Pour terminer cette série de trois épisodes de podcast sur la place des femmes en implantologie, nous nous tournons vers le futur. Nous avons échangé sur les différents outils et actions possibles pour continuer à avancer vers l’égalité. Bien sûr, l’incontournable question des quotas dans le monde dentaire est abordée, mais ce n’est pas la seule. L’éducation, le rôle des hommes et des associations de femmes, par exemple, sont aussi au programme. J’étais également curieuse de découvrir les différents « pourquoi » qui peuvent se cacher derrière tout ça. Enfin, bien sûr, nous parlons de la jeunesse. Quelles différences peut-on remarquer entre eux et nous sur ces questions ? Quels messages aimerions-nous leur adresser ?… Voilà le programme de ce dernier épisode de la trilogie, réalisée en collaboration avec le réseau WIN, Woman Implantology Network.
Comment construire un futur plus égalitaire ?
Avoir envie que les choses changent ne suffit pas. Encore faut-il mettre en place des actions réfléchies pour cela. Cependant, à propos de questions aussi compliquées et sensibles que celles touchant au féminisme et à la place des femmes, déterminer les « bonnes » actions n’est pas si simple.
La question des quotas, délicate car très clivante, est un parfait exemple.
« D’un côté, il y a ceux et celles qui pensent que s’ils n’existaient pas, on en serait certainement resté au même stade […]. De l’autre côté, il y a celles et ceux qui soulèvent la question de la compétence. »
Florence Etcheverry
« Je suis favorable à une politique de quotas, en politique par exemple, comme peut-être dans les ordres professionnels. […] Mais je suis portée par la conviction que ces politiques de quotas, elles ne sont là que pour être temporaires. […] Au bout d’un moment, on n’aura plus besoin du quota. Mais il faut ça, je dirais, pour amorcer la pompe. »
Muriel Salle
« Je n’aimerais pas être quelque part parce que je suis une femme. Je voudrais être invitée parce que je suis compétente ou parce que je le mérite, mais pas parce que je suis une femme. »
Julie Lamure
Heureusement, les quotas ne sont pas les seuls moyens en notre possession pour faire bouger les lignes, petit à petit. Mes invités s’expriment aussi sur l’importance de :
- L’éducation ;
- La place de certains hommes dans le féminisme ;
- L’aide apportée par les réseaux féminins ;
- Le passage à l’action pour ce qui nous fait envie…
« Mon but, c’est vraiment de dire aux filles : « Si vous souhaitez être en haut de l’affiche, prenez votre rôle à cœur. Si vous souhaitez évoluer, si vous souhaitez être reconnue, donnez-vous aussi les moyens de vous mettre en valeur. »
Marie-Pierre Ventribout
« Historiquement, il faut le rappeler, il y a toujours eu des hommes aux côtés des femmes. » […] « Cela vient corroborer les discours de Julie, Hélène, Marie-Pierre et Anne-Gaëlle, qui évoquent chacune au moins un homme ayant eu un rôle important dans leur ascension. »
Muriel Salle et Florence Etcheverry
« Dans ce réseau féminin, j’ai pu rencontrer ces personnes qui sont passionnantes, qui ont un recul sur leur vie professionnelle qui est un peu différent. Moi, ce sont des personnes qui m’ont permis à mon tour de sortir de ma zone de confort. »
Hélène Le Hecho
Pourquoi continuer à se poser ces questions ?
S’interroger sur le futur que nos enfants ou nous-mêmes pourrions avoir dans un monde égalitaire, va plus loin que la seule question des femmes. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les hommes aussi ont à y gagner, de même que la société dans son ensemble.
« Il faut, je crois aussi, laisser entendre de manière importante que les hommes, ils ont à gagner à ça. Parce que voilà : se soumettre à un certain nombre d’injonctions à la virilité, être, par exemple, monsieur gagne-pain alors que madame doit rester au foyer pour s’occuper de ses enfants, il y a des hommes chez qui ça fait porter une pression professionnelle considérable. »
Muriel Salle
« Les hommes qui ne se sentent absolument pas des harceleurs ou qui se sentent vraiment […] à égalité avec les femmes, souvent, doivent eux-mêmes déconstruire l’image du mâle alpha, hyper sexualisé, qui doit prendre en main les choses. »
Anne-Gaëlle Chaux
« Il y a quand même une jeune chercheuse qui a travaillé sur ces questions-là, qui s’appelle Lucile Peytavin. […] Elle montre comment […] les inégalités coûtent beaucoup d’argent à la collectivité, notamment parce que, par exemple, […] l’essentiel des personnes qui sont auteurs de violences, donc qui coûtent à la collectivité en termes de soins de santé […], en termes de travail social, etc., sont des hommes. »
Muriel Salle
Quel message et quelle place pour les jeunes sur ce sujet ?
Les jeunes d’aujourd’hui ont une place majeure dans la construction du futur. J’ai donc interrogé mes invités sur le message qu’elles auraient envie de leur passer.
« À toutes ces jeunes femmes qui ont des projets, […], j’ai d’abord envie de leur donner de la confiance […] même si, parfois, ça paraît encore un peu abstrait. »
Hélène Le Hecho
« Pouvoir discuter pleinement de cette situation, ce serait vraiment l’idéal, […] avec un dialogue, avec des anecdotes, des exemples et du concret. »
Nathalie Delphin
« Le message que je donnerais à ma fille, à une étudiante ou à une jeune praticienne qui viendrait me voir, c’est qu’il n’y a pas de barrière dans la vie, en fait. Il faut avancer et surtout, il ne faut pas accepter qu’on lui mette des barrières, […] être consciente des droits que l’on a et surtout, se battre pour les garder. »
Julie Lamure
Chacune a également donné son avis sur la situation actuelle et sur la place que prennent ces questions dans les jeunes générations.
« Je pense, justement, qu’avec cette génération-là, il y a vraiment un gap entre ce qu’on a vécu et ce qu’on a eu comme éducation et ce qu’eux ont. Au final, l’éducation, ils l’ont autant par les réseaux sociaux que par leurs parents. […] Ils vont être plus dans l’excès de plein d’autres choses, mais, sur ce côté-là, je pense qu’ils sont paradoxalement un peu plus respectueux les uns des autres. »
Anne-Gaëlle Chaux
« Oui, il y a encore du boulot à faire et on est plutôt, sans vouloir être trop pessimiste, dans un moment de crispation, voire de rétropédalage. Mais cela étant dit, il n’y a jamais eu autant, historiquement […], de femmes qui accèdent à une éducation supérieure. »
Muriel Salle
J’espère ce que dernier épisode vous aura donné des pistes de réflexion pour l’avenir des femmes en implantologie, et plus largement pour l’égalité hommes-femmes. Si vous avez aimé notre travail, n’oubliez pas de vous inscrire à ma newsletter mensuelle. Elle vous permettra de connaître les actualités du podcast et de découvrir des bonus en lien avec la thématique du mois.
Je remercie :
- Pauline Bussi @lesonlibre pour son montage ;
- Guillaume Denaud pour l’illustration ;
- Maxime Wathieu pour la composition du générique et de l’habillage sonore ;
- Qatsi Marchandeau pour la rédaction de l’article ;
- Hélène Le Hecho, Julie Lamure, Anne-Gaëlle Chaux et Marie-Pierre Ventribout pour leur témoignage ;
- Muriel Salle et Nathalie Delphin pour leur expertise.