Cette série de 3 épisodes a été réalisée en partenariat avec le réseau WIN, Woman Implantology Network. Ce réseau mondial de professionnels de la santé bucco-dentaire a pour vocation d’inspirer et de donner aux femmes les moyens d’accéder au monde de l’implantologie dentaire. Dans ce premier épisode, nous faisons un état des lieux et découvrons les parcours de 3 praticiennes, Anne-Gaëlle Chaux, Hélène Le Hecho et Julie Lamure, et de Marie-Pierre Ventribout, assistante dentaire spécialisée en implantologie et formatrice. Avec l’éclairage de 2 spécialistes, Muriel Salle et Nathalie Delphin, nous parlons des obstacles qu’elles ont dû dépasser et des origines de ces derniers. Nous soulignons également les changements déjà en cours, les mentors hommes et femmes qui ont pu les aider et ce qui les a confortées et aidées à se sentir légitimes.
Implantologie, dentisterie et santé : un monde qui se (re)féminise
« Notre profession se féminise. […] Cependant, la chirurgie implantaire demeure une spécialité largement sous-féminisée puisque seulement 23 % des implantologues sont des femmes. Pourquoi ? »
Florence Etcheverry
Cet épisode de podcast sur les femmes en implantologie commence par un état des lieux. Hélène, Julie et Anne-Gaëlle nous racontent comment elles en sont arrivées à orienter leur exercice de professionnelle dentaire vers cette spécialité et comment elles y sont parvenues.
Muriel Salle nous expliquera l’Histoire de la masculinisation des professions médicales prestigieuses… Sans oublier les perspectives d’avenir.
« Il y avait des savoirs traditionnels […] qui étaient maîtrisés par les femmes […]. Et puis, à partir […] de l’invention de la médecine moderne, fin du 18ᵉ, début du 19ᵉ siècle, […] les savoirs sont institutionnalisés dans […] des cadres universitaires. […] Les questions de la santé et du soin deviennent l’apanage des hommes, parce que l’entrée des universités est interdite aux femmes. »
Muriel Salle
« Quand j’étais interne, je me souviens que l’accès à l’implantologie était assez difficile. J’ai en particulier en mémoire une de mes co-internes qui faisait régulièrement le café en implantologie… […] Ça fait quelques bonnes dizaines d’années que ce n’est plus le cas du tout. Mais c’est vrai que, quand j’étais étudiante, oui : l’implantologie était quand même un petit peu la chasse gardée des hommes, et des hommes si possible avec les tempes légèrement grisonnantes. »
Anne-Gaëlle Chaux
Les obstacles rencontrés par les femmes en implantologie
Au fil de leurs témoignages, nous découvrons les réflexions et difficultés que ces praticiennes ont pu entendre et affronter au fil de leurs études et de leur carrière. Elles nous apportent aussi leur point de vue sur la nécessité (ou non) de fournir plus de travail qu’un homme.
Le syndrome de l’imposteur, si courant et connu parmi les travailleurs indépendants a, lui aussi, sa place chez les femmes en implantologie.
« Oui, j’ai l’impression d’avoir dû plus travailler pour ça. Je suis exclusive, et ce n’est pas facile de dire à tout le monde : « salut, il faut m’envoyer des gens ! ». […] C’était un peu compliqué de ma part et les choses sont venues petit à petit. […] Mais tu vois, mon mari est chirurgien oral […] mais lui, il a explosé et c’est allé super vite ! […] Parfois, il est obligé de dire : « Tu sais, tu devrais l’envoyer à ma femme, elle est plus près de toi, c’est plus simple pour tes patients et moi, je ne sais pas faire ça, mais elle si… ». […] Mais bon, peut-être que c’est ma personnalité, car je suis assez réservée. J’ai un peu le syndrome de l’imposteur, aussi. »
Julie Lamure
« Bien sûr que je crois qu’on a toutes, à un moment ou à un autre, eu des remarques sexistes ou déplacées. « Eh bien, elle est bien mimi, oh puis elle sait enlever les dents ! », voilà des choses comme ça, évidemment, on l’a entendu. »
Anne-Gaëlle Chaux
Nos spécialistes décortiquent pour nous les stéréotypes rencontrés par les femmes en implantologie, et plus largement dans le monde médical. Ces stéréotypes étant d’ailleurs valables dans un sens… mais aussi dans l’autre.
« C’est vrai que, quand j’ai commencé mon activité, physiquement, j’avais l’air jeune. […] Oui, il y a des patients, qui sont peut-être un peu plus âgés, qui ont moins l’habitude que la profession se féminise. Au départ, même au centre de soins, on m’a toujours dit : « Mais vous avez quel âge ? ». On m’a dit souvent : « Mais est-ce que vous savez faire ça ? ».
Julie Lamure
« À ma place et avec ma personnalité, je ne souffre pas du tout de l’écrasement des hommes ou de ce genre de choses. Mais, par contre, j’ai plus de mal avec les groupes de femmes parce qu’il y a trop de jalousie […]. Le cursus CNQAOS ne m’a pas épanouie, franchement, et je pense que s’il y avait plus d’hommes dans ce cursus, ça serait aussi plus agréable parce que ça équilibrerait. »
Marie-Pierre Ventribout
Le triste sujet du sexisme sous toutes ses formes est également passé au peigne fin dans cet épisode d’Entretien avec un dentiste.
« En fait, ces agressions sexuelles servent à installer, de manière extrêmement explicite, un climat d’insécurité qui va faire que les femmes ne sont pas à l’aise dans leur milieu professionnel. C’est une façon […] particulièrement aiguë et violente […] de leur faire entendre qu’elles sont sur un terrain professionnel sur lequel elles ne sont pas légitimes. »
Muriel Salle
Les personnes et expériences qui les ont aidées à se sentir légitimes
Hélène, Julie et Anne-Gaëlle partagent avec nous ce qui a pu les aider à gagner en confiance, en assurance et à se sentir légitimes.
« On a un peu, entre guillemets, été poussés dans le grand bain d’un coup et au final, ben on s’en est bien sorti. […] Peut-être qu’il y a ça qui m’a aidé à prendre confiance, […] à me montrer que j’étais capable de me battre, de gérer une structure, de gérer des collègues, même des plannings secrétariat. »
Julie Lamure
J’ai voulu savoir quels avaient été les mentors ou mentoresses (si, si, même si ça peut vous surprendre, le féminin existe !) qui avait inspiré mes invitées.
« Ce sont des personnes [avec lesquelles] on ressent vraiment que la compétence, le talent, ça n’a absolument pas de genre. Tu bosses ou tu ne bosses pas. »
Hélène Le Hecho
« C’était une pionnière à son époque […]. Plus au quotidien, des collègues ont pu effectivement me tendre la main de manière plus ou moins ponctuelle. Mais mes mentors principaux ont été des hommes. »
Anne-Gaëlle Chaux
« Ce qui m’a ouvert un petit peu le champ, je dirais, c’est l’expérience WIN, donc le Women Implantology Network, qui est un réseau de travail féminin. Là, j’ai fait des rencontres avec des personnes d’univers différents, de pays différents. Là, j’ai pu rencontrer des femmes extraordinaires. »
Hélène Le Hecho
Dans le prochain épisode de cette série de 3 épisodes de podcast sur les femmes en implantologie, nous parlerons de la place de la maternité dans cette aventure professionnelle. Si vous avez aimé cet épisode, n’oubliez pas de vous inscrire à ma newsletter mensuelle. Elle vous permettra de connaître les actualités du podcast et de découvrir des bonus en lien avec la thématique du mois.
Je remercie :
- Pauline Bussi @lesonlibre pour son montage ;
- Guillaume Denaud pour l’illustration ;
- Maxime Wathieu pour la composition du générique et de l’habillage sonore ;
- Qatsi Marchandeau pour la rédaction de l’article ;
- Hélène Le Hecho, Julie Lamure, Anne-Gaëlle Chaux et Marie-Pierre Ventribout pour leur témoignage ;
- Muriel Salle et Nathalie Delphin pour leur expertise.